En 1964, des paysans colombiens prennent les armes et entrent en résistance dans la jungle, donnant ainsi naissance aux FARC. Cinquante ans plus tard, les guérilleros en sortent pour rendre les armes et entamer un processus de paix mettant fin à un conflit ayant provoqué 260 000 morts et 6,9 millions de déplacés. Nous abordons ce passage de la guerre à la paix par le prisme de la reconstruction en se basant sur trois histoires : des anciens guérilleros ou paramilitaires qui essaient de réintégrer la société civile ; une prothésiste qui reconstitue des parties de visage détruites pendant la guerre ; des paysans déplacés qui reviennent sur leurs terres avec l’espoir de vivre dignement de leurs cultures licites. Le film se prend à rêver que cette ère soit celle de la régénération d’un visage plus serein pour le pays. Mais partis politiques conservateurs, grands propriétaires terriens, narco trafiquants et multinationales font encore partie du décor...

Une histoire sur la solitude. Un homme déplacé, qui vit loin de sa terre d’origine, qui a laissé derrière lui son passé pour vivre dans un lieu hostile, où personne ne le connaît. Une histoire sur le manque de contact humain, où le seul moyen est de se rapprocher des animaux. Pour tenter d’améliorer ses conditions de vie, le protagoniste a migré vers le sud pour travailler dans une grande fabrique de produits laitiers. L’environnement froid et ses paysages bucoliques et blancs, le silence rural brisé seulement par les bruits de l’usine. Les vaches sont des animaux laitiers, approchées seulement par des machines, il n’y a pas de contact humain. La ville est petite, issue d’une colonie européenne. La difficulté d’adapter sa vie à un système de production mécanique, un genre d’aliénation. Le seul moyen est de se transformer soi-même en animal, dans une tentative désespérée d’obtenir quelques contacts « humains ».

Milla, jeune fille solitaire et désabusée, travaille comme intérimaire et vit chez sa grand-mère dans un petit village du sud-ouest. Un jour, un chien mystérieux arrive au village. Assaillie de tous côtés par les commérages quotidiens, les exigences bornées d’une conseillère du travail, les regards et propos dégradants des hommes qui l’entourent, Milla se rapproche progressivement de ce chien. Ce dernier semble veiller sur elle et la conduira à quitter définitivement ce monde dans lequel elle ne trouve pas sa place.

En 2005, mes parents ont décidé de nous raconter l’une des histoires les plus importantes de leurs vies : pendant leur jeunesse, dans les années 1970, ils ont pris part à des groupes politiques gauchistes, d’abord publiquement puis, quand ces idées sont devenues dangereuses dans un pays corrompu, ils ont décidé de le faire clandestinement. Un jour, sans l’avoir prévu, j’ai embrassé une fille. Ensuite, j’ai raconté à mes parents que j’aimais les filles et non les garçons. La crise familiale était imminente et les jours suivant ont été remplis de questions sans réponses, mes parents se demandaient s’ils m’avaient donné une bonne éducation. C’est à ce moment que l’on a diagnostiqué chez mon père la maladie de Parkinson, une maladie du système nerveux qui réduit la production de dopamine, l’hormone qui permet les connexions neuronales qui donnent au corps satisfaction et mobilité. Ce film est le portrait de nos luttes qui ont en commun l’idée d’anticonformisme.

1866, pendant la « Guerre contre le Paraguay », en Argentine, dans les montagnes, le jeune Venancio tue une grenouille cornue appelée Escuerzo. Selon une légende ancienne, sa mère Antonia, croit que l’animal reviendra de la mort pour se venger car son corps n’a pas été brûlé. Dans ce lieu désert les seuls voisins sont Menseguez, un vétéran de guerre et sa jeune fille Catalina. Alors que l’hiver rude perturbe lentement le cours des jours, le gémissement terrifiant de la grenouille les hante chaque nuit. La nourriture se faisant rare, Venancio se lance dans un voyage tumultueux vers un lieu lugubre et déserté. Là, il trouve de quoi manger ainsi que la foi pour affronter ses peurs. À son retour, alors que Catalina combat les abus de son père, Venancio se retrouve face à face avec la grenouille cornue.

La conquête du pétrole du nord de la Patagonie a commencé. Les travailleurs pionniers affluent, attirés par les promesses de travail et de prospérité. Les entreprises s’installent, quadrillent la steppe, occupent les villages, les médias. Rapidement une hiérarchie du pouvoir se met en place. Dans ce Far West moderne, où la tradition rencontre le capitalisme industriel, les populations entament un rapport de force avec le monde pétrolier. Les pionniers ne réussiront dans cet eldorado que s’ils obéissent. Pour les paysans gauchos ou mapuches, deux horizons se profilent : devenir des petits rentiers en louant leurs terres aux pétroliers, ou résister. Cinq personnages pris dans la marche de l’Histoire. Dans cet étrange eldorado patagonique, que peuvent-ils bien espérer ? Doivent-ils changer, s’adapter, se soumettre ? C’est précisément dans ces moments de bascule et de choix que s’installe le film.

Toribio va bientôt avoir 70 ans et a quatre enfants adultes : Eugenia, une politicienne ratée et mauvaise mère ; Silvester, un acteur méconnu qui vient d’avoir une transplantation du coeur ; Sara, une aveugle écervelée et accro aux machines à sous ; et Luz, un transexuel ayant un amour impossible. Au milieu de cette famille en pièce, Toribio va se battre pour son seul objectif : avoir une érection de nouveau, peu importe ce que cela implique.

Ros Meri, son fils et les trois frères Ulloa sont les seuls habitants du parc national de Turrilba. Là-bas, sur les contreforts du volcan le plus actif du Costa Rica, leurs vies sont en danger. Aujourd’hui ils luttent contre l’abandon, leur impuissance face au devoir de quitter le seul endroit où ils ont toujours vécu, et l’histoire de toute une ville qui tombe en miettes. Depuis 2007, le volcan Turrialba est entré en activité et expulse des cendres et des gaz toxiques. Bien que dans le reste du pays l’activité volcanique soit restée sans conséquences, ce n’est pas le cas des villes situées sur la pente du volcan. La Silvia, La Picada et La Central ont souffert de dommages irréparables dans leurs infrastructures et ces territoires sont désormais considérés comme incompatible avec la vie humaine. De ces terres, idéales pour le bétail, parsemées de douzaines de maisons, avec une école, une église et une vie sociale dynamique, seul le souvenir demeure.

Elias, un photographe de Santiago, est connu pour prendre des photos de la mort et des malades en phase terminale. Il est connu comme « le photographe de la mort » et il ne peut pas se défaire de cette réputation morbide. Étant somnambule chronique, il réalise que durant ses ballades nocturnes, il a développé un nouveau talent : il peut prendre en photo les silhouettes de ses rêves. Dans son état de somnambulisme, il communique avec une patiente spécifique, dans le coma, qu’il a photographiée. Elle le supplie de la tuer, ce qu’il va être amené à faire sans compassion. Une mère et son fils de sept ans, Marta et Julian, vivent dans une petite maison de Santiago. Le père de Julian est parti en voyage. Un jour, alors que Martha et Julian  bêchent leur jardin, ils trouvent un corps, partiellement momifié qui est resté là durant des décennies. La connexion avec le père en voyage devient plus difficile et rapidement ils ne parviennent plus à le contacter. Le père disparaît. Les deux histoires s’entrecroisent lorsque Julian commence à parler à un ami imaginaire qui vit dans le jardin. Il semble qu’il puisse communiquer avec son père disparu et prédire les rêves de sa mère.

Aux confins de l’Argentine, à la frontière avec la Bolivie, Cabra, un jeune ado rebelle, n’a qu’un rêve en tête : devenir danseur professionnel de Malambo – danse folklorique des gauchos, de type zapateado, qui imite le trot du cheval. En pleine préparation pour une compétition de danse importante, Cabra reçoit la visite surprise de son père, El Corto, tout juste sorti de prison pour une permission de quelques jours. El Corto embarque Cabra dans un périple de trois jours, sur les routes andines du nord argentin, au cours duquel père et fils vont se retrouver. Mais El Corto cache un secret : en réalité, il est sorti de prison pour effectuer un braquage pendant ces quelques jours. Au cours du voyage, Cabra, de plus en plus suspicieux, décide de mener l’enquête, et il se retrouve finalement mêlé malgré lui au braquage mené par son père.

En juin 1959, six mois après le début de la révolution, Edith Depestre, née Gombos, débarque à Cuba. Elle parle huit langues et devient l’interprète de Fidel Castro. Sagan, Sartre, Beauvoir, « l’intelligentsia » française attirée par l’enthousiasme généré par cette révolution, se pressent à la Havane. La jeune Hongroise traduit, écoute, apprend, témoin privilégié au coeur de la tempête révolutionnaire. Aujourd’hui, après la mort de Fidel Castro, Cuba s’apprête à vivre une révolution d’un autre genre. Aller sur les pas d’Edith Gombos, pour mieux rencontrer les Cubains qui ont connu cette époque, écouter leur version, depuis ce temps où le monde attendait la suite de la « lune de miel avec la révolution ».