Paula élève ses deux filles dans une ambiance familiale où Lía, sa nouvelle compagne, participe volontiers à leur éducation. Mais elles doivent faire face à un procès judiciaire entrepris par Víctor, son ex-mari, qui veut avoir la garde de leurs filles. Il considère que l’éducation que Paula leur offre et la vie conjugale qu’elle mène leur sont nocives. Plutôt que de se perdre dans les affres de la procédure, la réalisatrice choisit de rentrer dans la vie intime de cette famille, pour exprimer la déviance d’une société qui est portée par les préjugés au point de criminaliser une maternité lorsque qu’il s’agit d’une homosexuelle. Dans ce film inspiré du cas réel de Karen Atala, juge chilienne violemment discriminée pour avoir assumé publiquement son homosexualité, le jeu des actrices, adultes comme adolescentes, est impressionnant.

Dans les coulisses des traditionnelles « Vaquejadas » (forme de rodéo), Iremar prépare les boeufs avant de les lâcher dans l’arène. Avec Zé, son partenaire de corral, Galega danseuse audacieuse et sexy et Cacá sa fille, ils forment ensemble une famille improvisée mais unie. Là où on ne peut imaginer que des tempéraments rudes, on trouve de la tendresse et de la délicatesse. Aux marges de la fiction, Gabriel Mascaro (Compétition documentaire de Cinélatino 2010 pour Um lugar ao sol) nous emmène dans l’univers reculé, fascinant et complexe, du Nordeste brésilien.

Le documentaire est un portrait intimiste de la relation entre Horacio Salgán, légendaire pianiste de tango de 98 ans et son fils César, également pianiste, qui joue la musique de son père. Alors que Horacio est sur le point de transmettre son héritage musical à son fils, une maladie soudaine les oblige à vivre ensemble. Dans un certain sens, il s’agit d’une histoire d’amour, celle de deux hommes seuls à la recherche d’un lieu de rencontre, au-delà du tango.

Sensations, corps, lumière, initiations forment le souvenir inoubliable d’une rencontre de vacances avec la mystérieuse «sem coração».

Pêcheur de la côte pacifique colombienne, Turco vit avec son fils Yosner dans un bidonville de Cali. Yosner ne collabore pas beaucoup aux affaires de la maison et il passe son temps à danser dans la rue avec d’autres jeunes. Turco voudrait retourner sur la terre que le conflit armé, qui perdure, l’a obligé à quitter. En ville, il se renferme dans son sentiment de déracinement. Après un événement dramatique, les rêves de Turco volent en éclat. Porté par le charisme et l’étrange élégance de l’acteur qui joue le rôle de Turco, Siembra marie la fiction et la réalité socioculturelle des déplacés afro-colombiens. Le noir et blanc sublime du film, lui donne une texture qui le rend sensuel, chaleureux, malgré la dimension dramatique des événements.

Luis Cardona, journaliste mexicain, relate l’enlèvement et la séquestration qu’il a subis en 2012.

Vu à travers les yeux des paysans mexicains producteurs de maïs qui refusent de renoncer à l’agriculture traditionnelle, Sunú noue les histoires singulières d’un monde rural menacé. Il chemine en profondeur dans le coeur d’un pays où les gens sont consciemment déterminés à travailler leur terre librement et à rester fidèles à leur culture, pour que le monde du maïs ne soit pas perdu à jamais. Un hymne à la bigarrure de la vie.

PROGRAMME: PETITES HISTOIRES D'AMÉRIQUE LATINE - VOL 3

Le voyage continue avec le troisième volet de Petites Histoires d’Amérique latine. De l’Amazonie brésilienne aux rues de Buenos Aires, par les bruits de la ville, les instruments à cordes et les chants ancestraux, la musique rythme la vie. Sensibilité aux autres et à ce(ux) qui nous entoure(nt), contre l’aliénation et vers de nouveaux horizons, jeux et enjeux écologiques, expression de la liberté, endroit de tous les possibles.

Entre cinéma d’animation et images réelles, cinq histoires qui brouillent les frontières entre nature et culture, et nous font vibrer à l’unisson.

TECLÓPOLIS

Il était une fois une plage, où des revues sur une étagère se meuvent au vent comme des herbes, une nappe de table va et vient comme les vagues et où une caméra Super 8 se balade comme un être animé. Bientôt, de grandes tours de claviers viennent faire de l'ombre à ce bonheur : c'est la naissance de Teclópolis (tecla : touche de clavier en espagnol). Film d'animation en hommage au Metropolis de Fritz Lang.

Le temps est suspendu car la mémoire est en train de quitter Laura, touchée par la maladie d’Alzheimer, après avoir survécu à l’horrible peine d’avoir perdu son mari et ses enfants sous le feu de la dictature. Peu à peu, afin de cerner une part de sa propre identité, la réalisatrice tente de recomposer les fragments de l’histoire de sa grand-mère, femme-courage de la Place de Mai. Une lutte respectueuse et émouvante pour le souvenir.

Ils étaient des enfants uruguayens et furent dispersés aux quatre coins de l’Europe et de l’Amérique, parce que leurs parents, militants politiques, furent pourchassés par la dictature. À travers leurs témoignages, le film singularise les vagues à l’âme de ces exilés qui n’ont rien choisi, qui sont aujourd’hui fondus dans leur pays d’accueil et pour lesquels le pays et les idéaux de leurs parents n’ont pas toujours la saveur d’une madeleine de Proust.

Último tango est avant toute chose l’histoire d’amour entre les deux danseurs les plus célèbres de l’histoire du tango. María Nieves Rego (80 ans) et Juan Carlos Copes (83 ans) n’ont, durant près de cinquante ans, cessé de danser ensemble. Pendant toutes ces années, ils se sont aimés et haïs. Dans ce documentaire, Juan et María racontent leur histoire à de jeunes danseurs et à des chorégraphes de Buenos Aires, invitant à vivre avec eux un voyage inoubliable au cœur du tango.

Plusieurs mois se sont écoulés depuis l’accident qui a coûté la vie à son mari et Luisa ne parvient pas à s’en remettre. C’est alors qu’un séduisant inconnu fait irruption dans sa vie avec une détermination inattendue et lui propose de reconstruire les choses avec elle. Avec finesse, Ariel Rotter (El Otro, 2007) fait le portrait touchant d’une femme subtilement interprétée par Erica Rivas, l’inoubliable mariée des Nouveaux sauvages de Damián Szifrón.

Depuis plusieurs années, Val travaille avec dévouement pour une famille aisée de São Paulo, devenant une seconde mère pour le fils. L’irruption de Jessica, sa fille qu’elle n’a pas pu élever, va bouleverser le quotidien tranquille de la maisonnée… Sous la forme de la comédie sociale, la cinéaste traite la fracture des rapports de classes toujours très actuels au Brésil comme ailleurs. L’actrice Regina Casé, faisant passer de douces larmes au rire franc, est inoubliable.

José Renato, géologue de 35 ans, est envoyé dans le Sertão, région désertique et semi-aride du nord du Brésil. Il parcourt en voiture des régions inhabitées afin de construire un long canal apportant de l'eau et la vie pour les uns, le départ et l'abandon de leurs terres pour les autres. Peu à peu apparaît également l'histoire d'un amour absent... Les deux cinéastes poursuivent leur fascination pour le Sertão, région mythique pour le cinéma brésilien, depuis que le Cinema Novo en fit son lieu de prédilection. Cette esthétique se retrouve d'ailleurs dans l'utilisation du Super 8 (caméra au poing chère à Glauber Rocha) et fait de ce road movie un voyage quasi onirique en même qu'une histoire d'amour.