Dans les montagnes tropicales du Costa Rica, Domingo, qui a perdu sa femme, possède une terre convoitée par des entrepreneurs. Ils sont déterminés à y faire passer une nouvelle autoroute et rien ne semble pouvoir les arrêter. Multipliant les actes d’intimidation, ils délogent les habitant·es les uns / unes après les autres. Mais Domingo résiste car cette terre referme un secret mystique. De fascinantes images au service de la dénonciation de l'appropriation des terres.

Nous suivons María, productrice de tequila, femme solitaire, aux prises avec des difficultés économiques suite à l’implantation de grandes compagnies étrangères en concurrence déloyale avec les entreprises locales. Teresa Sánchez campe avec intensité cette « tequilera ». Son calme apparent et son sérieux masquent sa détresse face à la disparition probable de sa distillerie. Un beau portrait psychologique de cette femme aux abois. Rafaela, embauchée contre gîte et couvert, sera son administratrice et lui redonnera espoir et réconfort, mais les fléaux naturels s’en mêlent et le dénouement sera... abrupt et radical. Avec cette histoire locale, concise et stimulante à la croisée du documentaire et de la fiction, le réalisateur crée une atmosphère réaliste et un personnage attachant.

Dans une lumière bleue énigmatique, la caméra tourne sur elle-même embrassant toute la ville de Brasilia. Ensuite vient la nuit, viennent les animaux. Envahissent- ils la ville ou les humains colonisent-ils leur espace ? Le film laisse libre la réflexion personnelle par ses longs plans et pose la problématique de la cohabitation, du partage de la ville entre toutes les espèces vivantes. Un cadeau de poésie militante !

Par petites touches, Ana Katz, cinéaste, nous entraîne dans les soucis quotidiens, la tolérance, la méfiance, la pollution, les mariages et divorces de la vie ordinaire. Le chien qui aboie est à l’origine de l’errance de son jeune maître. La mise en images des absurdités de l’époque passe par le N&B et aussi par de très jolis intermèdes animés qui servent la délicate ironie de cette comédie où l’on rit peu mais où l’on peut tout voir avec le sourire.

Dans le Mexique rural, les villages sont féminins, car les hommes partent tous gagner leur vie au Nord. Ils ne reviennent pas toujours, pas toujours vivants, pas toujours à temps. La spirale, jeu d’enfant pauvre, symbolise aussi des vies broyées par l’aller-retour et des jeunes qui hésitent entre rester ou partir. La soumission des femmes remise en question peut faire bifurquer le réel. Ángeles Cruz est une des femmes de cette chronique de vie rurale.

Herbaria nous plonge dans l'univers fascinant de la botanique et du cinéma. Le film explore la relation entre les plantes et les films au travers du métier de conservateur. Deux métiers aux apparences très différentes que sont celui de la conservation des plantes et celui de la conservation des pellicules mais qui finalement montrent des similitudes : la lutte pour leur préservation. À travers un montage d’images d’archives et d’images filmées en 16 mm, Leandro Listorti met en évidence les liens entre passé et présent. Herbaria est un hommage à la mémoire, à la survie, à l'évolution et aux changements que subissent les objets au fil du temps. Un manifeste poétique visuel contre l'extinction. Une œuvre forte d'une grande subtilité qui invite à la réflexion. Première française.

Eliú est incarcéré dans un centre de réclusion expérimental pour mineurs au cœur de la jungle colombienne. Il a commis un meurtre avec son ami El Mono. Tous les jours, les jeunes font des travaux exténuants et des thérapies de groupes intenses. La police tente de résoudre l’affaire mais les deux jeunes ne disent pas tout. Entre silence et mensonge, dans une végétation et une terre qui semblent hantées, le mal couve et pas seulement parmi les jeunes détenus.

Guidés par les percussions et les chants, grands et petits se regroupent pour traverser la jungle colombienne. Ni la chaleur ni la pluie ne les empêchent de rejoindre leur but. Pour la première fois en 20 ans, 150 familles retournent à La Bonga après avoir été forcées de quitter la ville à cause du conflit armé et des menaces des paramilitaires. Il reste peu de l'école et des murs des maisons, aujourd’hui envahis par la nature. Les souvenirs restent eux aussi engloutis sous la végétation. Cette nuit, les danses célèbrent Santa Rosa, patronne du village. Le désir de réinvestir les lieux y est fort. La Bonga donne à voir avec douceur et sobriété les blessures encore ouvertes du conflit armé. Première mondiale.