Biologiquement incapable d’avoir des enfants, Sofía tente depuis longtemps d’en adopter. Suite à une nouvelle tentative, elle lit dans le journal que le corps d’un nouveau- né a été découvert dans une décharge. Troublée, elle décide de suivre toutes les démarches nécessaires pour adopter et offrir une sépulture à cet enfant mort qu’elle prénomme Aurora. Mais la volonté de Sofía est obsessionnelle. Cette histoire basée sur des faits réels et magnifiquement interprétée, propose une réflexion sur le sort de mère que la société a imposé aux femmes : l’acte extrême et irrationnel de Sofia de vouloir un enfant au point d’en adopter un, mort, n’est-il pas le résultat d’une longue histoire de naturalisation du rôle social de procréatrice attribué à la femme ? Et si l’avortement était légal au Chili, cette enfant tuée à la naissance aurait-elle existé ?

Alors que l’air est plombé par la chaleur, Mariano rentre chez sa mère, fait quelques longueurs dans la piscine, tond la pelouse, trouve un revolver et se tire deux balles. Il en réchappe. À la suite de sa convalescence, en raison d’un sifflement à l’oreille persistant, Mariano est obligé de céder sa place à Lucía dans son groupe de flûtes classiques. Ainsi se succèdent les scènes. Chaque membre de la famille, mais aussi Manuela, devient à un moment donné le centre de l’histoire. Martín Rejtman que l’on considère comme l’un des précurseurs de ce qui allait être dénommé le « nouveau cinéma argentin », propose dans son quatrième film de fiction, une mise en scène qui relève d’un parti pris où la vérité est placée dans l’instant d’une action, même la plus absurde, plus que dans le déroulement d’un récit menant à une révélation finale.

María est une mère célibataire qui s’occupe toute seule de sa fille de 12 ans. Elle la confie à une amie proche pour partir travailler comme saisonnière agricole, un travail qu’elle avait cessé de faire depuis très longtemps pour des raisons inconnues, mais qui sont probablement liées à un évènement traumatique. À son arrivée, elle doit faire face au contremaître, qui semble la connaître et la harcèle. Les conditions sont difficiles, mais son besoin d’argent et sa rencontre avec Violeta lui permettent de supporter ces semaines éprouvantes. Jusqu’au jour où un abus va changer le cours de sa vie. Pour interpréter ce personnage principal de femme qui, toute sa vie, a courbé l’échine avant de relever la tête, le réalisateur a fait appel à Catalina Saavedra, l’inoubliable interprète de La Nana (2009) et des Sœurs Quispe (2013).

Angela et Cheba sont enceintes d’un même homme, Silvestre, qui est en même temps le beau père d’Angela. Serafina, la mère d’Angela, semble sans émotion face à la situation endurée par sa fille avec son propre compagnon. De son côté, Cheba est confrontée au retour de son mari. Le récit se situe dans un paysage aride, habité majoritairement par des femmes enracinées à leur terre, tandis que les hommes errent, ailleurs, à la recherche d’un travail. La « tirisia », tristesse perpétuelle envahissante, imprègne autant le paysage que les habitants, sombres et taciturnes… Dans cette atmosphère, Angela et Cheba doivent se débattre, isolées, pour assumer leur maternité. Un film parangon du florissant cinéma mexicain, où les thèmes récurrents de l’abandon et de la désintégration familiale prennent une dimension presque mythique.

Deux Romina ; deux German ; deux réalités parallèles. Dans l’une, Romina et German sont frère et soeur adoptifs. Dans l’autre, ils se rencontrent plus tard dans leur jeunesse. Quelque chose ne change pas dans ces deux réalités : ils se sentent attirés. Le premier destin les confronte inévitablement à un problème moral, l’inceste. Après tout, Romina et German auraient pu s’aimer librement sans cet événement fortuit qui les a condamnés à vivre en refrénant leurs sentiments. À travers ce décalage, le réalisateur cherche à questionner la propre morale du spectateur. Mais il va encore plus loin. Dans un récit extrêmement habile et avec un travail de raccords extraordinaire pour transiter d’une réalité à l’autre, il situe cette histoire déjà éthiquement complexe, dans un univers chargé d’érotisme, de personnages qui se cherchent, se refoulent, n’aiment pas comme la norme indique. Et tout est juste.