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Synopsis

Clara est une jeune adolescente quechua qui chante pour apaiser la douleur des femmes enceintes. Sa mère, Ana, sage-femme expérimentée, voit en ce don un miracle des dieux. Influencée par une amie après une dispute avec sa mère, Clara décide de partir pour la ville. Dès lors, la communauté subit d’étranges pertes d’animaux et de cultures, un châtiment que les villageois attribuent à son départ. Sa mère entreprend alors un voyage pour la retrouver et la ramener.

Tout en faisant un portrait des magnifiques paysages des Andes (un peu comme dans Utama),  le scénario de La hija del condor saisit avec délicatesse et pudeur des personnages déterminés dans leurs choix. Avec une bienveillance rare, il capte le jeu sensible de Sanizo et Vallejos Montaño, membres de la communauté Totorani, dont la présence à l’écran bouleverse par sa sincérité. La caméra, d’une grande délicatesse, saisit les textures de la peau, les lueurs tremblantes des intérieurs, les rues  bruyantes de Cochabamba et les immenses étendues de l’Altiplano bolivien qui enveloppent les acteurs.

Au cœur du récit se dessine avant tout le portrait de Clara, une jeune femme en quête d’elle-même, qui affirme peu à peu la femme qu’elle souhaite devenir. Le film prend la forme d’un conte initiatique, celui d’un passage à l’âge adulte marqué par “l’envie d’ailleurs”. Issue d’une lignée de femmes où se transmettent les chants des “partera”, ces mélodies ancestrales qui accompagnent les naissances et protègent les mères, Clara porte en elle l’héritage d’une sororité forte, partagée mais parfois questionnée — entre mère et fille, entre cousines unies par les mêmes doutes. Pourtant, au lieu de poursuivre la tradition, elle rêve d’un autre destin : quitter les montagnes pour devenir chanteuse de música chicha dans la grande ville. À travers ce désir de changement, le film célèbre la jeunesse, sa vitalité, son envie d’inventer de nouveaux chemins sans renier les racines qui la portent.

Car finalement, c’est le multiséculaire conflit entre tradition et modernité qui est retranscrit ici. L’arrivée des aides médicales gouvernementales et des docteurs venus de la ville vient bouleverser un équilibre ancestral. Par l’alternance subtile de l’espagnol et du quechua, le film donne corps à cette tension entre deux mondes — deux langues, deux visions du monde — qui se frôlent, se heurtent, mais aussi s’enrichissent mutuellement. Derrière cette confrontation apparente, une question plus universelle se dessine : comment tradition et modernité peuvent-elles coexister sans se nier ? Que garde-t-on du passé, et que transforme-t-on pour survivre ? En filigrane, le film esquisse la possibilité d’un dialogue, celui d’une Bolivie — et d’un monde — où la mémoire et le changement apprennent à marcher ensemble.

Accompagnements pédagogiques : 

Entretien du réalisateur et de l’actrice

Article de Médiapart sur le film

 

Réalisation
Álvaro Olmos Torrico
Pays de production
Bolivie
Année de production
2025
Durée
1h43
Titre original
La hija del cóndor
Ce film a été soutenu par